Le 28 novembre 2014 a eu lieu à l'Université Catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve) un colloque intitulé "La mécanique à la lumière de son histoire, de la Modernité à l’époque contemporaine (XVIIe-XXe s.)".
Cette rencontre scientifique a été organisée en honneur du Prof. Patricia Radelet, membre titulaire et trésorière de l'Académie, qui a accédé à l'éméritat.
Des photos de la rencontre sont disponibles sur le lien suivant: https://sites.google.com/site/radeletdegrave/photos-de-la-journee
À la fin du colloque, le Secrétaire perpétuel Robert Halleux, a adressé le message ci-dessous à Mme Radelet.
Chère Patricia,
En ce jour d’honneur, et aussi de tristesse, ma place était près de toi, comme secrétaire perpétuel de l’Académie et comme ami. Je suis à l’étranger à chercher de l’argent pour mes chercheurs, ce que nous avons toujours fait pendant les quelque quarante ans que nous avons travaillé ensemble. C’est pourquoi je sais que tu ne m’en veux pas.
C’était, n’est-ce pas, au colloque de Chantilly sur les correspondances. Pendant toute la visite du château, nous avons bavardé et réfléchi à des projets. Puis les projets sont venus : l’exposition et le colloque Sluse de 1985, la création du Comité Sluse, le colloque Froidmont de 1987, la création du troisième cycle FNRS, la grande aventure du Comité National, le XXe Congrès international d’Histoire des Sciences, la remise sur pied de l’Académie et de ses publications. Toujours tu as été là. Ensemble, nous avons ramé à contre-conjoncture, contre l’inertie des autorités, malgré la crise récurrente, parce que nous aimions notre métier et que nous savions que l’histoire des sciences peut apporter quelque chose à l’histoire et à la science. Nous avons échoué plus souvent qu’à notre tour, mais nous avons formé des disciples qui continueront notre travail. Pour tout cela merci.
Parallèlement, tu as écrit une œuvre importante, que d’autres analyseront, mais dont je veux mettre en exergue la règle maîtresse : le respect du texte et de son contenu scientifique. Dans une discipline envahie par les philosophes et les sociologues, gangrénée par le relativisme post-kuhnien, il faut rappeler sans cesse que l’histoire des sciences est d’abord de la science et de l’histoire. C’est un titre de gloire d’être un positiviste borné.
Voici donc venu l’éméritat, cet échafaud construit par la bêtise des universités qui se séparent de chercheurs qui sont à l’apogée de leur renommée et dans la plénitude de leur talent. On oublie que dans nos disciplines, les chercheurs sont comme les vieux malts, qui se bonifient avec le temps. Comme le disait Aulu-Gelle Veritas filia temporis, « la vérité est la fille du temps ». L’histoire de l’érudition est ainsi pleine d’entreprises interrompues.
Mais il est des institutions qui se rient des carcans universitaires. Ce sont les académies. Elles ont l’éternité devant elles. Sur la grande méridienne de l’Institut de France, notre cher et regretté ami Emmanuel Poulle a fait inscrire horas tuas, quia breves operibus immortalibus impende, « tes heures, parce qu’elles sont brèves, consacre-les à des travaux qui ne mourront pas ». Depuis mon élection comme secrétaire perpétuel, l’Académie Internationale d’Histoire des Sciences se transforme en puissant réseau de recherche avec une revue, deux collections, des colloques, des programmes. Tes projets, ma chère Patricia, y sont les bienvenus, car ce n’est pas ton style de vivre une retraite paisible.
Saint Just disait qu’un révolutionnaire ne se repose que dans son tombeau. Un chercheur aussi. En route donc, et ad multos annos.